Le lecteur idéal, c’est le traducteur. Il est capable de disséquer le texte, de le dépiauter, de trancher jusqu’à la moelle, de suivre chaque artère et chaque veine et puis de mettre sur pied un être vivant entièrement neuf.
La traduction, c’est ce qui transforme tout de sorte que rien ne change.
Traduire, c’est refaire les fondations, mais sans démolir la maison.
Un bon traducteur doit bien savoir la langue de l’auteur qu’il traduit, mais mieux encore la sienne propre, et j’entends par là : non point seulement être capable de l’écrire correctement, mais en connaître les subtilités, les ressources cachées ; ce qui ne peut guère être le fait que d’un écrivain professionnel. On ne s’improvise pas traducteur.
Un bon traducteur doit bien savoir la langue de l’auteur qu’il traduit, mais mieux encore la sienne propre (...), ce qui ne peut guère être le fait que d’un écrivain professionnel. On ne s’improvise pas traducteur.
Les traducteurs sont les héros fantômes de la littérature, ces instruments bien souvent oubliés qui rendent possible le dialogue entre différentes cultures et qui nous ont permis de comprendre que, bien que tous dispersés, nous habitons un seul et même monde.
Les traducteurs sont les héros fantômes de la littérature, ces instruments bien souvent oubliés qui rendent possible le dialogue entre des cultures différentes (…)
Quand on n’y réfléchit pas trop, on s’imagine que traduire, c’est dire la même chose dans une autre langue. Quand on commence à y réfléchir, on se rend compte qu’on ne dit jamais la même chose dans deux langues différentes, et on en conclut qu’il est théoriquement impossible de traduire. Au mieux, on trahit. Et pourtant, il y a toujours eu des traducteurs. Et quand ils traduisent, en réalité ils négocient au coup par coup.
Quand on n’y réfléchit pas trop, on s’imagine que traduire, c’est dire la même chose dans une autre langue. Quand on commence à y réfléchir, on se rend compte qu’on ne dit jamais la même chose dans deux langues différentes.
L’impossibilité de traduire découle du fait qu’il n’y a pas d’équivalents exacts entre deux langues même entre deux mots très concrets. Le mot « pain », par exemple, est intraduisible. Dans une autre langue, il n’a pas le même poids, le même âge, le même champ sémantique, la même force d’expressivité ; il désigne bien le même objet, mais il ne véhicule pas les mêmes connotations sociales et psychologiques.
Une table ne signifie pas « ein Tisch » : quand vous apprenez un mot nouveau, ne vous dites jamais « cela signifie ». C’est une approche absolument fausse. Dites-vous : là-bas, en Angleterre, ils ont un objet appelé table. Nous pouvons aller en Angleterre, le regarder et dire : ça, c’est notre « Tisch ». Mais ce n’est pas vrai. La ressemblance n’est que superficielle. Les deux choses sont essentiellement différentes, car elles ont été pensées différemment par deux nations de cultures différentes.
Tous les arguments contre la traduction se résument en un seul : elle n’est pas l’original.
L’art de traduire réside entre oser et doser.
Tout le monde sait bien que la traduction n’est pas dans l’exactitude littérale d’un texte, mais peut-être faudrait-il aller plus loin : et dire qu’elle est davantage dans une approche d’ordre musical, rigoureusement personnelle et même, s’il le faut, aberrante. (...) Les erreurs musicales sont les plus graves. (…) Est-ce qu’il n’y a pas dans la convention du sens respecté une scolarité à retardement qui joue contre la liberté d’un texte, contre sa respiration ou sa folie ?
Un texte littéraire est comparable à un instrument de musique à plusieurs cordes : pour bien le traduire, il faut les pincer toutes pour qu’elles fassent entendre la totalité des harmoniques de l’œuvre traduite. Ne faire vibrer que la corde du sens c’est jouer la ligne mélodique, ce n’est pas faire entendre la beauté des silences qui se cachent entre les mots. Traduire les silences, c’est les donner à entendre.
Un texte littéraire est comparable à un instrument de musique à plusieurs cordes : pour bien le traduire, il faut les pincer toutes pour qu’elles fassent entendre la totalité des harmoniques de l’œuvre traduite.
J’ai compris qu’il fallait le même talent au traducteur et au comédien. Tous deux s’approprient un peu de ce qui est à un autre comme s’il s’agissait du leur. Je crois nécessaire de posséder cette capacité. Outre la prouesse technique, la traduction comprend une part de psychologie, qui s’apparente au jeu du comédien sur scène.
J’ai compris qu’il fallait le même talent au traducteur et au comédien. Tous deux s’approprient un peu de ce qui est à un autre comme s’il s’agissait du leur.
Il n’y a qu’un moyen de rendre fidèlement un auteur d’une langue étrangère dans la nôtre. C’est de n’être satisfait de sa traduction que quand elle éveillera les mêmes impressions dans l’âme du lecteur.
Traduire, c’est se retrouver derrière les coulisses et constater soudain que tout est en carton.
[La tâche du traducteur] consiste à découvrir l’intention, visant la langue dans laquelle on traduit, à partir de laquelle on éveille en cette langue l’écho de l’original.
La traduction, c’est de l’adaptation, on ne recopie pas machinalement des mots d’un dictionnaire, chaque phrase, chaque mot, chaque virgule fait l’objet d’une décision, d’une transposition dans un autre contexte, au plan linguistique mais aussi social et culturel.
Rien n’est intraduisible en un sens, mais en un autre sens tout est intraduisible, la traduction est un autre nom de l’impossible.
L’intraduisible est parfois ce qui n’a pas encore été traduit correctement.
Là encore, il s'agit de mépriser la lettre et de suivre l'esprit, de traduire non pas des mots et des phrases, mais d'absorber des pensées et des sentiments et de les rendre. La robe doit se renouveler, son contenu doit rester. Toute vraie traduction est une travestie. Pour le dire de façon plus tranchée encore : ce qui reste, c'est l'âme, mais elle change de corps : la vraie traduction est une métempsycose.
Sans traduction, nous habiterions des provinces voisines avec le silence.
Plus le texte est « difficile », c’est-à-dire résiste par sa nature même et sa complexité, plus [le traducteur] puise dans sa propre langue tout ce qui peut l’aider à vaincre cette résistance.
Les contraintes imposées par la présence d’un texte source permettent et stimulent la créativité de l’acte traductif en mettant le traducteur dans une situation où il doit s’efforcer de les dépasser.
Tout se passe comme s’il s’agissait de faire jouer à une langue un jeu – celui de la flexibilité – pour lequel elle n’est jamais naturellement préparée.
La finalité de la traduction consiste, en fin de compte, à exprimer le rapport le plus intime entre les langues.
La traduction ne chercherait pas à dire ceci ou cela, à transporter tel ou tel contenu, à communiquer telle charge de sens mais à re-marquer l’affinité entre les langues, à exhiber sa propre possibilité.
Traduire, c’est écrire accompagné.
La traduction d’une langue dans une autre, si elle est effectuée mot à mot, cache le sens ; c’est comme des herbes trop drues qui étoufferaient le semis.
Malheur aux faiseurs de traductions littérales, qui en traduisant chaque parole énervent le sens. C’est bien là qu’on peut dire que la lettre tue et que l’esprit vivifie.
Racheter dans sa propre langue ce pur langage exilé dans la langue étrangère, libérer en le transposant le pur langage captif dans l’œuvre, telle est la tâche du traducteur.
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